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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 23:00

Les chiffres citées par Laurence Boone - chef économiste chez Barclays Capital - dans un récent article de TELOS ont de quoi faire frémir !
En deux ans le déficit public a explosé, triplant par rapport à celui de 2007 pour atteindre les 140 milliards € soit plus de 7% du PIB national pendant que la dette publique caracolait vers les 1.400 milliards € soit 75% du PIB.
Bon ! se dira-t-on, c'est la crise et pour s'en sortir il faut bien augmenter les dépenses (sous forme de plan de relance et ses aides de toutes sortes à l'activité économique) alors que les recettes (c'est-à-dire les impôts) diminuent et une fois la crise passée, on retrouvera des chiffres plus raisonnables !
Hélas ! trois fois hélas ! le mal n'est pas que conjoncturel mais bien plus profond ! La crise n'y serait que pour une quarantaine de milliards et la centaine de milliards restant est "structurelle", c'est-à-dire qu'elle correspond au surplus de dépenses des administrations publiques par rapport à leurs recettes en période dite normale (croissance et inflation à 2%, taux d'intérêt peu élevés). La conclusion tirée de ce constat est hallucinante. A ce rythme et si rien ne change, on dépassera les 2.000 milliards de dettes en 2015 soit l'équivalent du PIB national !

Pour stabiliser la dette, il n'y a pas 36 solutions. Il n'y en a que trois :
                - Avoir une croissance forte (3% voire plus mais on n'a plus vu de tels taux en France depuis les années 70 !) pendant plusieurs années, ce qui dépend autant de nous que de nos partenaires commerciaux et donc de l'économie mondiale.
                - Connaître une inflation assez forte et durable sans trop de conséquences négatives sur les taux d'intérêt, les salaires, la compétitivité de nos produits, etc...mais alors on spolie l'épargne et les retraités et on réduit le pouvoir d'achat de l'ensemble de la population avec un résultat final très aléatoire.
                - Ajuster les recettes et les dépenses en augmentant les impôts et en réduisant le train de vie de l'Etat (tout en sachant qu'il faudrait un ajustement correspondant à 2% du PIB pour stabiliser la dette, soit environ 60 milliards, c'est-à-dire l'équivalent de l'impôt sur les revenus)
La dernière solution - la plus banale (tout chef de famille qui tient son budget sait qu'il ne peut durablement dépenser plus qu'il ne gagne !) - est la plus sûre et la plus efficace...mais aussi la plus difficile à mettre en oeuvre.
D'un côté, augmenter significativement les impôts, c'est prendre le contre-pied idéologique de la politique actuelle et c'est déclencher la grogne des classes moyennes et supérieures, autrement dit d'une grande partie de l'électorat de l'UMP, sans parler des dégâts dans l'économie !
De l'autre côté, réduire significativement le train de vie de l'Etat, c'est s'en prendre à la trilogie :
                  - Frais généraux de fonctionnement (15%)
                  - Transferts sociaux (23%)
                  - Salaires des fonctionnaires (40%)
Encore un cas d'application de la règle des 80/20 ! Les 20% restants sont intouchables car ils correspondent à un minimum d'investissement public (pour 5%) et aux intérêts de la dette.

Alors, que faire ?

A gauche, le cri est unanime, relayé par une certaine presse qui se veut sociale et progressiste : Augmentez les impôts ! - Faites payer les riches ! (ces fameux 20% de français qui se "goinfrent" 80% des richesses nationales (toujours la fameuse règle des 80/20 que l'on retrouve décidément dans les statistiques les plus diverses !) - Faites sauter le bouclier fiscal ! Haro sur les niches fiscales ! Même les parlementaires de l'UMP s'y mettent. L'un d'entre eux - Gilles Carrez, rapporteur du budget - ne vient-il pas, avec son compère (!) socialiste Didier Migaud, de dénoncer les 486 niches fiscales françaises qui détourneraient plus de 70 Milliards € des caisses de l'Etat, soit le quart des recettes fiscales annuelles ! On reste sidéré qu'un journal économique qui se prétend sérieux puisse rapporter, de manière parfaitement démagogique, de tels chiffres sans rappeler que beaucoup de ces niches fiscales ont une justification économique (elles n'ont pas été créées pour le plaisir d'enrichir les riches !) ou un rôle d'incitation vers certains types d'investissement de soutien de l'activité sectorielle ou générale. Qu'il faille les plafonner pour éviter ou réduire les inévitables effets d'aubaine, soit ! Cela a d'ailleurs été fait assez récemment mais vouloir les annuler relève d'un raisonnement pour le moins simpliste et pour tout dire démagogique.
On remarquera, au passage, que ceux-là qui réclament plus d'impôts pour les riches sont les mêmes qui réclament toujours plus de moyens (pour l'hôpital, la justice, la police, l'enseignement, etc...), plus de personnel dans les organismes publics, plus de fonctionnaires, plus de salaires...bref plus de dépenses publiques conduisant à plus de déficit et donc à plus de dette (avec la charge financière qui l'accompagne, bientôt équivalente au montant de l'impôt sur les revenus !), montrant par-là soit une stupide inconséquence soit - ce qui est sans doute plus près de la réalité - un parfait cynisme politique à l'égard des futures générations !

Bref, la droite s'arcboute sur ses positions idéologiques (avec un président qui n'a pas "été élu pour augmenter les impôts" comme il le dit lui-même !) et la gauche manque toujours autant de sérieux quand elle parle d'économie.

Ainsi armé,le bateau France se dirige tout droit vers la zone des tempêtes !



Source : L'emprunt pour financer la dette ? Article Télos de Laurence Boone - 28 septembre 2009




 
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