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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 14:39



Avec les développements de la crise financière, qui devient de plus en plus, comme maintenant chacun le sait, économique en attendant de devenir sociale, l'expression "Bad bank" se rencontrait de plus en plus souvent soit sous la plume des spécialistes économiques soit même dans le discours des dirigeants politiques.
En deux mots et pour faire simple, l'idée de base sous-tendue par cette expression est le regroupement dans un organisme financier nouveau de tous les titres douteux, ces fameux "produits toxiques" qui ont envahi les comptes de quasiment toutes les banques, à charge pour ce nouvel organisme d'en assurer, sans précipitation et avec un minimum de sérénité, l'écoulement sur le marché dans les meilleures conditions possibles (disons plutôt avec le moins de dégâts possible, c'est-à-dire avec une dépréciaton la plus faible possible des titres concernés) en espérant que le temps et le retour au calme après la tempête arrangeront les choses. Devant l'ampleur de plus en plus grande des dégâts bancaires et économiques, de "Bad bank" nationale (pour les Etats malins voulant la jouer "solo" et ne pas se charger de la croix des autres !) on en est très vite venu en Europe à l'idée d'une "Bad bank" européenne mutualisant l'ensemble des poisons afin de rétablir confiance et échanges entre les banques européennes. Un accord vient d'ailleurs d'être convenu entre les dirigeants de l'UE pour un traitement des actifs toxiques de leurs banque dans un cadre communautaire. Voilà qui va dans le bon sens tant il semble naturel de mobiliser la solidarité européenne dans une situation aussi grave. Cela va-t-il toutefois apporter une véritable solution à la crise économique ?
Presque qu'à coup sûr, la réponse est négative car mettre de l'huile dans les rouages des échanges inter-bancaires ne pourra suffire à stopper la chute d'activité économique induite par la crise financière et la récession constatée depuis la mi-2008 dans la plupart des pays développés (Etats-unis en tête, Japon, Angleterre, Allemagne....) et le ralentissement des "locomotives" (Chine, Inde, Brésil,...).
Il va donc falloir autre chose pour relancer la machine mondiale sauf à attendre plusieurs années le retour d'une éclaircie...en espérant, qu'entre temps, de nouvelles calamités (une hyperinflation par exemple, comme dans l'Allemagne des années 30, ce qui n'est pas un danger théorique au vu des liquidités colossales qui sont injectées actuellement par les Banques Centrales - la Banque Fédérale américaine notamment - dans les économies occidentales pour recapitaliser l'industrie et les banques) ne nous tombent pas sur la tête et que les moyens de production (industrie et services) ainsi que les emplois qui vont avec n'aient pas trop souffert de la dépression !!

Et l'idée de cet  "autre chose" nous vient d'un article publié en début 2009 dans L'Osservatore Romano par le banquier italien Tedeschi, repris et soutenu ensuite par Gordon Brown lui-même, autorité mondiale en matière financière. La proposition révolutionnaire qui est faite est de réaliser un investissement colossal en faveur des pays pauvres afin de relancer l'économie des pays développés et de fournir aux pays du tiers-monde les moyens (financiers, d'éducation, de santé, d'infrastructures,...) dont ils manquent tant pour d'abord s'extirper de la misère en donnant à leurs peuples des conditions de vie décentes puis participer véritablement aux échanges mondiaux favorisant ainsi la poursuite d'une croîssance raisonnable de l'ensemble du monde.
Le terrain n'a jamais été aussi propice qu'aujourd'hui aux propositions révolutionnaires car la plupart des dirigeants importants dans le monde ont enfin compris qu'il fallait frapper fort, vite et ensemble pour ne pas perdre le contrôle de la crise mondiale actuelle dont personne n'est, à ce jour, capable de fixer les contours. Que les Etats volent au secours de leurs banques était dans un premier temps utile pour éviter le blocage économique mais à condition de ne pas dilapider en vain leurs possibilités d'emprunt et de solutionner le problème des produits toxiques, ce qui semble bien loin d'être réalisé.
Il faut donc maintenant relancer la machine économique, ce qui est une autre affaire qui ne peut qu'être mondiale.
Notre banquier italien appuie sa proposition sur une analogie qui semble fort juste : Ce sont les emprunts lancés en 1939 et 1940 par Roosevelt pour financer l'effort de guerre américain qui ont relancé l'économie américaine lui permettant de retouver un quasi-plein emploi en 2 ou 3 ans puis de devenir la superpuissance dès les années 50. C'est encore par l'emprunt qu'a été financé le fameux Plan Marshall qui permit de reconstruire, en 10 ans, une Europe à moitié détruite en 1945 et de lui faire démarrer son cycle de croîssance des "Trente Glorieuses". Aujourd'hui, s'il y a une nouvelle guerre à déclarer c'est bien celle contre la pauvreté du tiers-monde dont il faut financer le développement aussi bien par principe d'équité que par souci d'efficacité économique et résoudre par là la crise actuelle par une forte relance mondiale. D'où l'idée d'une "Goog bank" financée par un colossal Emprunt mondial et dont les fonds seraient prioritairement mis à la disposition des Etats pauvres - selon des conditions à définir, en commencant sans doute par une annulation partielle ou totale de leurs dettes - afin de répondre à leurs besoins vitaux (alimentation, santé, éducation, logement, infrastructures, etc....) mais aussi des pays émergents qui ont besoin de lignes de crédit à long terme pour ne plus geler une partie de leurs actifs dans des réserves de précaution anti-crises.

Si l'idée est simple, sa mise en application sera sûrement fort compliquée car le gâteau à se partager excitera grandement les appétits au Nord comme au Sud ! Il y faudra moultes réunions internationales et l'élaboration de savants compromis pouvant satisfaire l'ensemble des Etats intéressés. Mais le principal était de lancer l'idée. Reste maintenant à la faire accepter lors de la réunion du G20 d'avril prochain.
Souhaitons à Gordon Brown beaucoup de talent et de force de conviction pour emporter l'adhésion de ses collègues !

Combien faudra-t-il mettre au pôt dans une affaire pareille et où trouver l'argent ?

 

La "mise au pôt" se comptera en points de PIB mondial (pour rappel, 1 point correspond à 500 Milliards $). On sait que les pays développés viennnent d'accorder ce montant au FMI pour répondre aux besoins pressants de certains pays au bord de la faillite. Pour une action forte et rapidement efficace, il y faudra sans doute entre 5 et 10 points de PIB voire plus - disons 10.000 Milliards $ pour se fixer les idées - ce qui  a de quoi donner le tournis !!

Mais où trouvera-t-on des sommes pareilles ? De ce côté-là, il n'y a guère de soucis à se faire ! Pour pasticher un vieux film policier, le "grisbi" ne manque pas ! L'économie mondiale a créé tellement de liquidités durant ces 20 dernières années que la Masse Monétaire Mondiale actuelle est estimée aux alentours de 650.000 Milliards $  (dont 75% en produits "dérivés") soit 13 fois le PIB mondial !
Pour l'opération concernée, il ne faudrait donc en mobiliser qu'environ ...1,5 % !!!  Une peccadille, en somme  !

Et puis les "planches à billets" des Banques Centrales ne sont pas faites pour les chiens !!
(la Banque Fédérale américaine connaît le sujet sur le bout des ongles avec ses multiples et continuelles émissions de dollars, officielle et seule monnaie de réserve mondiale à ce jour !) 

Et pourquoi ne pas en profiter pour enfin créer cette fameuse monnaie fiduciaire mondiale que Keynes appelait déjà de ses voeux au milieu du 20ème siècle et dont Stigliz, prix Nobel d'économie, disait dans son livre "Un autre monde" :
        
      "Ce n'est pas une idée neuve mais c'est peut-être une idée dont l'heure est venue".


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  • Ingénieur retraité. professeur d'Esperanto via Internet. Nombreux pôles d'intérêt: Actualités économiques, politiques, internationales. Histoire. Sports. Nouvelles technologies. Astronomie
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