3 avril 2008
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Lorqu'on discute entre amis ou entre relations des problèmes de communication à tous niveaux d'échanges (pays, cultures, organisations, métiers, individus,..), il arrive en général très vite qu'une personne (très avertie) de l'assistance vous assène péremptoirement sa vérité dans le style : "Faut être réaliste. L'affaire des langues est pliée ! L'anglais ou plutôt l'anglo-américain a tout envahi ! Il domine totalement dans tous les organismes internationaux et dans toutes les sciences et bientôt dans toutes les cultures ! C'est la langue des affaires, de la recherche et de la technologie. Impossible d'y résister et, en plus, c'est ce que les gens veulent ! A preuve la multitude d'anglicismes présents maintenant dans les langues européennes !
Bref, c'est la pensée unique : "Parler anglais ou mourir " !!
Nul doute que la plupart des européens cultivés se disaient quelque chose de similaire du temps de l'Empire romain ! Pour faire carrière ou pour n'importe quel emploi administratif, il fallait parler latin et adopter les coutumes et la culture romaines afin de sortir de sa condition de barbare (ou de "bouseux", dirions-nous maintenant). La prédominance du latin sur les langues locales fut ainsi effective quasiment jusqu'au 17ème siècle. Il fallut le triomphe de la Réforme protestante pour battre en brêche sa suprématie au profit des langues nationales européennes dont notamment le français qui s'imposa comme le langage diplomatique européen pendant deux siècles. Que le règne du latin fut si long ne peut s'expliquer sans une adhésion consentie des élites européennes (la citoyenneté romaine fut précocement accordée aux non-romains, ce qui accéléra sans doute cette adhésion consentie) qui s'approprièrent cette langue pour en faire une véritable langue européenne, lien et outil de communication entre les peuples (plus précisément l'élite de ces peuples).
Cette expérience est-elle aujourd'hui renouvelable ? Autrement dit, les conditions sont-elles réunies pour une appropriation par les peuples européens de la langue anglaise comme langue européenne commune ?
Rien n'est moins sûr comme on le verra plus loin car la langue anglaise ou anglo-américaine est étroitement associée dans l'esprit de beaucoup au modèle américain qui ne fait plus guère recette sur la scène internationale !
Puis vint le 19ème siècle avec la domination des mers par l'Angleterre puis la révolution industrielle et surtout la montée en puissance des Etats-Unis, puissance qui éclata au 20ème siècle pour devenir la première mondiale à l'occasion des deux conflits suicidaires pour l'Europe.
Nous voici à l'aube du 21ème siècle. Faudra-t-il attendre deux siècles pour voir la position de la langue actuellement dominante remise en cause ?
Voilà qui n'a rien d'évident car les choses bougent maintenant beaucoup plus vite et des renversements de situation surviennent rapidement. Les rapports de force économiques notamment évoluent fortement au détriment du monde occidental et particulièrement des Etats-Unis dont le modèle de société semble à bout de souffle (endettement fantastique de l'Etat et des particuliers, rachat en masse des actifs économiques par les fonds souverains étrangers, fragilité du dollar de moins en moins reconnu comme monnaie de réserve, population carcérale double de celle des autres états développés, violence des rapports sociaux, culture de masse débilitante, immigration hispanique incontrôlable, etc...). Des continents entiers (Amérique du Sud, Sud-est asiatique, Chine, Inde, bientôt l'Afrique) renâclent et rejettent la domination qu'exerce sur eux la puissance économique américaine à travers ses multinationales et certains organismes internationaux (FMI, OMC) qui d'ailleurs échappent de plus en plus à son contrôle. Déjà, la Chine parle d'égal à égal. Sa toute récente attitude dans l'affaire du Tibet montre qu'elle ne craint plus personne. Dans ce combat d'influence, les Etats-Unis sont leur propre ennemi par leur insouciant aveuglement financier et cette arrogante attitude autant politique, culturelle qu'économique qui les amène à se faire détester sur tous les continents ! Il n' y a que le président de la République pour leur trouver, à contre-courant de l'opinion française, du charme suite à on ne sait quel cheminement psychologique !
Quand leur statut de super-puissance sera suffisamment ébranlé (l'Amérique n'est pas à l'abri d'un prochain "trafalgar" financier après celui du "subprime" !), il y a fort à parier que leur suprématie culturelle et donc linguistique soit contestée dans les instances internationales voire rejetée par leurs nouveaux concurrents.
Que poussera sur les décombres de la suprématie de l'anglo-américain ?
Pourquoi pas le chinois, langue la plus parlée au monde et que la Chine impose de plus en plus à ses voisins immédiats en attendant de nous l'imposer dans les échanges commerciaux (déjà des cours de chinois sont proposés sur Internet !) ? Le monstre chinois est réveillé. Il a des ambitions planétaires et ne s'encombre pas de soucis moraux pour parvenir à ses fins (voir sa politique en Afrique). Dans 10 ans il sera la deuxième puissance mondiale. Faut-il vraiment en rire (jaune) ?
Le monde pourrait s'épargner de tomber d'un impérialisme linguistique à un autre en refusant une solution nationale imposée par la force économique ou politique et en choisissant une langue internationale simple et pratique que tous les peuples pourraient s'approprier dans le scrupuleux respect de l'égalité de leurs droits et de leurs cultures....sans compter les grandes économies de traduction et de publication que les organismes internationaux (l'Union Européenne en tête) pourraient consacrer à des oeuvres plus utiles !
Son nom : l'ESPERANTO