Serge Moati nous a réuni 6 intervenants dans son émission fétiche du dimanche intitulée cette fois Sarkosy acte II....pour parler, comme d'habitude, de Sarkosy puisqu'il semble devenu impossible
de débattre politique en France sans évoquer à tout bout de champ ce président si controversé.
Selon ses habitudes, notre Moati national, mi-potache mi-sérieux adore manipuler la provocation "soft" dans ses questions afin de faire réagir ses interlocuteurs. Il ne semble jamais aussi
heureux que quand le brouhaha s'installe et que tout le monde parle en même temps ! C'est sans doute très bien pour l'animation mais c'est désastreux pour le téléspectateur qui souhaite extirper
une idée ou une information claire de ce charivaris ! Il en sort généralement avec une impression de confusion et l'idée un peu plus fortement ancrée que ces hommes politiques ne sont
décidèment pas des gens sérieux, capables d'instaurer entre eux un débat clair et respectueux de l'avis de l'adversaire.
Je ne résiste pas au plaisir de dire un petit mot sur chacun des participants à ce pugilat.
J'ai trouvé Mélenchon superbe, se drapant dans sa dignité blessée lorsque les umpistes l'interrompaient ou bien outré par une question moatienne. Nous prend-il vraiment pour des
imbéciles, ce cynique philosophe dont la réputation de sectarisme et d'intolérance n'est plus à faire ? Il a même eu le culot de balancer une énormité économique (que d'ailleurs
personne n'a relevé !) affirmant que le ratio profit/salaires avait basculé de 10 points en faveur des profits au cours des dernières années ! Faux, archi-faux. Tous les économistes sérieux vous
le diront ! Ce ratio a au contraire légèrement progressé en faveur des salaires !
Denis Tillinac, l'écrivain de sensibilité gaulliste, a dit des choses sensées. Sa formule : "Sarko doit tirer le rideau sur sa vie privée" m'a paru fort juste. Le français adulte moyen
apprécie sans doute très peu la "peoplelisation" de la présidence et réclame plus de maintien et de dignité. Il a dit aussi des choses fort brouillonnes, handicapé qu'il était par une voix
portant mal dans la confusion de l'émission.
L'umpiste Karoutchi fut égal à lui-même, assènant toujours ses mêmes vérités et s'obstinant à nier l'évidence à savoir l'incidence de la chute d'image de Sarko sur les résultats
des municipales. Il était pathétique avec son Crédo d'inspiration gouvernementale : "les français veulent que les réformes aillent encore plus vite !". C'est vrai pourtant que l'UMP a
de quoi se plaindre de la situation actuelle ! Le comportement de Sarko l'affaiblit, le peuple français impatient et inquiet voudrait que les promesses soient tenues avant même que les lois
soient publiées (absurdité permise par l'incroyable manque de culture économique de ce pays !) et la crise économique est à nos portes faisant suite à la crise financière ! On ne
pouvait rêver environnement plus défavorable !
L'autre umpiste Goasguen, plus sympathique et plus ouvert que le premier cité met ses espoirs dans un rééquilibrage institutionnel et espère un rebond d'opinion lors de la présidence
française de l'UE.
J.F.Kahn est toujours plaisant à écouter mais c'est plus pour le plaisir de l'écoute que pour la profondeur de ses discours passionnés et émotionnels où il ne faut pas chercher trop de cohérence
! Au détour d'une formule, il dit parfois des choses intéressantes, à condition d'être attentif !
J'ai gardé le meilleur pour la fin, le subtil, le "voltairien" Pascal Perrineau, patron d'un groupe de sondage et grand habitué des plateaux TV. Quel contraste entre les propos clairs,
argumentés, mesurés, en un mot "intelligents" de cet homme et les discours partisans et outranciers des autres !
Vous me direz qu'à la différence des autres (les politiques) il n'avait rien à nous vendre hormis son talent d'analyste et d'orateur !